La rosée était encore accrochée aux feuilles rougissantes des arbres quand le soleil frileux fit son apparition à l'est. Les nuits s'étaient déjà rafraichies et la respiration de quelques braves lève-tôt qui arpentaient les sentiers créait de petits nuages de vapeur éphémère.
Ceux qui affrontait ce changement de température sentait que l'astre solaire réchauffait leur visage par chacun de ses rayons. Comme il se levait, il éclairait peu à peu arbres, sentiers, ruisseau, visages et cadavre. La lumière du jour glissait peu à peu, dévoilant une main froide, puis remontait jusqu'au torse bien large de ce qui devait être il y a peu un fils de fermier en pleine fleur de l'âge. Les mains rendues calleuses par le travail étaient à présent raides, les jambes recouvertes de braies usées étaient bleuies par la mort, l'abdomen rougit là où le sang s'est accumulé par gravité quand il n'y eut plus de cœur pour le propulser.
Face contre terre, aurait-on pu décrire la position de la victime, si face il lui restait. Le visage était sûrement partie avec la tête qui manquait cruellement, coupée bien nette sous le cou avec une précision chirurgicale. D'ailleurs, bien peu de sang marquait le sol là où le cou musclé finissait abruptement...